La Papesse nous invite à nous poser et à nous relier à notre intuition.
Lit-elle le livre ouvert devant elle ? Non. Elle sait. Intuitivement, elle sait.
Son corps est un temple et elle nous indique qu’il faut le respecter.
La papesse nous parle d’un temps de gestation où se fondent et se construisent les bases de la vie, au plus près des Cycles de la Nature.
Un projet doit germer, là, à l’abri de son lourd manteau. Tout le suggère.
Elle n’en dira pas plus pourtant, car elle est secrète. C’est la Papesse.
Il n’est pas temps de se mettre en avant, ni de se lancer dans une campagne de communication effrénée. Peut-être aussi avons-nous besoin d’approfondir une connaissance, en nous tournant vers une personne maîtrisant un savoir qui nous fait encore défaut.
Avec la Papesse, il est bon de laisser du temps au temps.
3ème Arcane majeur et second personnage féminin du Tarot de Marseille, l’Impératrice siège avec une fausse désinvolture sur un trône couleur chair.
Les attributs de son pouvoir sont bien là : un sceptre qu’elle tient négligemment, un aigle représenté sur un écu, sa couronne.
L’aigle et le sceptre sont tournés vers la droite de la carte, tout comme le regard de l’Impératrice : donc vers l’avenir mais aussi vers l’Empereur, qui assied son pouvoir.
Devrait-on en déduire que l’impératrice n’existe que par rapport à l’Empereur ?
Sa couronne dément pourtant cette idée.
Son large collier, ses longs cheveux déliés font d’elle une séductrice.
Il n’y a plus aucune rondeur sous sa robe : nous sommes passés de la période de gestation de la Papesse à celle de la Création, de l’engendrement : l’Impératrice est une femme, une mère accomplie, une créatrice.
Nous sommes passé du domaine de l’intuition et de la connaissance à celui du concret, du matériel.
L’Impératrice est reliée à la Terre, comme le montre son trône couleur chair.
Par sa couronne conique, elle n’en est pas moins connectée au Ciel et au rouge d’une activité mentale parfois un peu trop active.
Son collier d’or (On ne peut s’empêcher de penser au collier de Freyja) met en valeur une pomme d’Adam très visible : l’Impératrice sait communiquer, s’imposer et ne s’en prive pas.
Sa féminité est donc Yang, tout comme nous l’indiquent le chiffre 3 et la pomme d’Adam : l’Impératrice sait se mettre en avant.
Elle communique pour asseoir son autorité, son pouvoir et n’hésitera pas à user de sa séduction pour cela.
Équilibrée, elle sera sûre d’elle, d’une grande générosité, et saura naturellement faire accepter ses idées, déléguer ou négocier.
L’Empereur est la 4ème carte du Tarot de Marseille.
Si on regarde le tracé que forment ses jambes, on voit d’ailleurs se dessiner le chiffre 4.
Dans la pensée taoïste cette forme géométrique symbolise la Terre.Son symbole est le carré.
On est dans la matière.
L’Empereur pose, structure et manifeste l’organisation. Son organisation.
Il y a une idée de travail, de régularité dans cet Arcane.
La force et la détermination de L’Empereur sont le fruit d’une expérience acquise sur le terrain.
Il trace les limites de son Empire, limites qu’il entend faire respecter.
C’est comme ça et pas autrement, avec L’Empereur.
A l’image du 4, L’Empereur est donc bien carré, dans tous les sens du terme ! Méfions-nous parfois de ses excès de paternalisme ou d’une certaine tendance au dirigisme.
On a pourtant envie de lui faire confiance car l’assurance que L’Impératrice allait chercher en dehors, l’Empereur la porte en lui.
C’est bien là un rappel qu’il n’est pas d’Empereur sans Impératrice : l’un et l’autre se complètent et s’équilibrent, jusque dans la polarité de leurs chiffres.
Le Pape, du haut de son siège, bénit ceux qui viennent se prosterner devant lui.
Cette figure du Tarot rassure et protège.
Cinquième lame du Tarot de Marseille, Le Pape est à la croisée des Chemins, à la moitié du 10 : sous sa protection, nous quittons le Matériel pour nous élever vers le spirituel.
On vient l’écouter, souvent de très loin, à l’instar de ces deux personnages que nous observons de dos, côte à côte. Un bras nous laisse deviner l’immensité d’un hors champ où s’entassent probablement les pèlerins.
Le Pape réunit, rassemble physiquement, sous l’égide de sa bonne parole, de son enseignement.
Un enseignement directement issu des mondes célestes : il suffit pour cela de suivre sa tiare et sa croix jusqu’en haut de l’image : Le Pape a des antennes.
Il y a de la bienveillance dans l’air. On se sent porté, nos fardeaux s’allègent et nos démarches, pour le peu qu’elles soient soumises à des actes juridiques ou administratifs, sont, dit-on, favorisées.
On se sent bien avec le Pape : Père de l’Église, il est un peu notre bon papa à tous.
Voilà pour la carte à l’endroit.
Il en ira autrement, bien sûr, si l’Arcane apparaît à l’envers ou en négatif (tirage en croix, par exemple).
L’enseignant deviendra « donneur de leçons », moralisateur insatiable.
La figure paternelle pèsera, trop stricte, trop contraignante.
Il faudra se méfier des flatteurs ou des avis plus qu’intéressés que l’on vous donnera. Bref, il sera bon de prendre du recul vis à vis de tout le sucre et le miel dont on cherchera à vous enrober.
Également, peut-être sera-t-il urgent de prendre vos marques avec ce nouveau coach hyper « connecté » …
La hiérarchie, l’ordre moral s’exprimeront, mais pas forcément en votre faveur, vous ne vous sentirez pas soutenu dans votre légitimité et il sera bon de lire très attentivement les clauses de vos contrats …
Ainsi en est-il de toute carte : aucune n’est ni bonne, ni mauvaise. C’est ce en quoi elles nous permettent d’avancer qui importe vraiment.
L’ Arcane de l’amour : amour des autres, amour de soi aussi.
Ce que je donne et ce que je reçois.
Ce que je m’autorise à recevoir,
L’amour que je porte et me porte …
C’est aussi l’Arcane du choix.
Que nous dit l’Amoureux ?
Ici, le personnage est encadré de deux figures féminines. L’une est jeune et belle, l’autre a peu d’attraits, semble plus âgée.
La voix de la raison versus la voix de la passion ?
Choc des contraires que nous affrontons sans doute sans cesse : quelle voie / voix écouter et choisir, entre celle de nos aspirations et celle de nos obligations ?
Entre laquelle de ces polarités devra trancher notre bellâtre ?
L’Amoureux nous invite à faire un choix, pour cesser de disperser notre âme et retrouver notre unité.
Tout choix fait grandir et permet de se mettre en chemin. Avant que de conduire le Chariot de l’Arcane 7, l’Amoureux doit se positionner.
Et s’il écoutait simplement son cœur, comme le lui suggère la flèche du Cupidon surplombant la scène ? Toute réponse est en soi.
Ainsi en va-t-il du Tarot psychologique, dont le but est de nous apprendre à lire en nous, et sème sur nos chemins les indices qui nous permettront de délier les méandres de notre mental.
Le choix est acté, l’Amoureux a pris sa décision et peut désormais laisser sa place au conducteur du Chariot.
L’ Arcane 7 se met en route et apporte au jeu sa dynamique. Avec le Chariot, le rythme s’accélère. On n’est pas là pour se reposer sur ses lauriers.
Le conducteur du Chariot n’est pas n’importe qui et cela se sent à son port princier.
Il est le fils spirituel de l’Impératrice et de l’Empereur : 3 + 4 = 7
Il sait qui il est, et avance au grand jour.
Tout de même … Ne peut-on craindre un pédant inconscient ? Un jeune fou perdu, dépassé par une situation qu’il ne maîtrise pas? a moins qu’il ne se soit engagé sur une voie de garage ?
Là encore, tout dépendra de la carte : droite ou inversée ?
Bien aspecté, l’Arcane du Chariot nous montre un personnage sûr de lui.
Nul besoin de rênes : cet aurige sait où il va et maîtrise son véhicule par la seule force de sa détermination.
Il ne recule pas car il a en lui la capacité de prendre les choses en main dans n’importe quelle situation.
Une chose est sure, il a réuni en lui le Yin et le Yang, le Soufre et le Mercure, le Soi et le Moi, comme l’indiquent les initiales présentes sur son blason.
N’est pas aurige qui veut !
Et si ses chevaux semblent partir en deux sens opposés, sans doute est-ce pour signifier que pour voyager loin, il est d’abord nécessaire de ménager sa monture.
Le Chariot, quel que soit soit le contexte, nous rappelle souvent que notre premier véhicule n’est autre que notre corps …
Voici la 11ème carte du Tarot de Marseille : celle du premier nombre maître.
Nous sommes à mi-chemin de notre parcours.
La Force nous invite à trouver l’équilibre intérieur, ce juste dosage entre souplesse et fermeté qui nous rend invincibles en toutes circonstances.
La Force, dans le Tarot, c’est être Maître de soi et de ses émotions. Il y a là un abandon confiant, qui permet d’affronter les vicissitudes extérieures.
Point de démonstration de violence dans La Force, si calme, si belle, sans doute parce que tout se passe dans l’amour et la détermination. Avec cet Arcane, on nous demande de méditer sur l’ouverture du Cœur.
La Force, c’est aussi une invitation à la confiance en soi : mais pour cela, il faut bien connaître toutes ses zones d’ombre et les accepter, sans les juger, car ce sont-elles qui nous font avancer.
Ainsi, après avoir saisi sa chance à La Roue de Fortune, voici le Mat, le fou, canalisant ses énergies, dans le respect de leurs polarités : car de la belle ou de la bête, aucune ne dompte l’autre. Seuls entrent en alchimie le respect et l’amour.
« N’aie crainte, lui dit-on, sous son lemniscate, la belle te protège. »
Selon le tirage, cette lame peut aussi nous prévenir des risques d’un passage … en force, d’un manque d’ouverture ou de lâcher-prise. Des blocages pourraient survenir, dont nous parlera bientôt Le Pendu.
Ou plutôt, qu’est ce qui ne va pas chez nous, lorsque nous regardons cette lame ?
Car il n’a pas l’air si malheureux que cela …
Le Pendu semble totalement entravé, et pourtant, il ne l’est pas (Voit-on une corde autour de son pied ? )
Aucune marge de manœuvre : les mains du Pendu sont attachées dans le dos. Certes. Il n’a donc plus qu’une seule chose à faire : observer. Prendre du recul. Plutôt facile, quand on est suspendu.
La tête en bas, il peut même voir les dessous de la scène, ce qui se trame au verso … ingénieux !
Vous l’aurez compris, avec le Pendu, on n’a pas le choix : on reste tranquillement à sa place, voire un peu plus haut, un peu plus loin. On ne va pas se jeter dans la mêlée.
On ne cherchera pas, non plus, à défaire les liens qui nous attachent, soient-il réels ou imaginaires …
On risquerait de tomber ou de les resserrer …
Le Pendu est là pour nous dire : examine tous les tenants et les aboutissants de la situation, évalue, sous-pèse.
Tout est en suspens.
Et de cela dépend(u) notre salut !
On ne peut manquer la référence à Odin, pendu neuf jours et neuf nuits à Yggdrasil, l’Arbre Monde, avant de percer l’art sacré des Runes, dans une illumination.
Il y a sans doute ici cette même idée de sacrifice : le sacrifice du temps, de l’action, de notre confort … le Pendu demande un effort, dans la passivité. De cet effort naîtra l’éveil, le printemps, le renouveau. L’illumination ?
Les bourgeons de l’arbre de vie pourront éclore sur la Lame.
Peut-être s’agit-il tout simplement – au cœur de cette inactivité fructueuse – de déterminer ce dont nous devons nous libérer ?
Ce sera ensuite sera à L’ Arcane sans nom de faire place nette, afin de bâtir sur de nouvelles bases.
On temporise avec cette 14ème lame du Tarot de Marseille.
On mélange, on échange, certes, mais dans les respects des dosages.
On modère.
Sous la protection de l’ange messager, tout s’écoule de manière fluide et sereine, en de justes proportions.
Prendre en compte le point de vue de l’autre … voilà qui n’est jamais facile.
On se ferme, on trépigne, sûr de son bon droit.
Mais comment avancer si l’on ne sait regarder les forces opposées qui nous entourent ?
Associer les contraires : c’est le rôle de l’ange et tel est son message, pour plus de fluidité, d’échanges et de compréhension autour de nous.
Savoir faire des compromis, sans se perdre.
Avec cette Lame, on apprend à vivre avec l’autre, l’extérieur.
Les énergies circulent.
L’équilibre est de mise.
A l’endroit, Tempérance peut nous inviter à prendre en compte l’avis de l’autre, à concéder, voire à envisager quelques compromis.
Il est important, nous dit-elle, que les fluides circulent.
On prend garde aux excès.
Je dirais assez bien, qu’avec Tempérance, on met de l’eau dans son vin.
A l’envers, peut-être avons-nous trop écouté les sollicitations des autres, mais nous sommes-nous également écoutés ? Sans doute est-il temps de nous mettre davantage à l’écoute de notre équilibre intérieur.
Mais tant d’autres interprétations coulent des vases de tempérance …
Que l’on se rassure, à l’instar du Pape, dont elle est le double numérologique, L’ange Tempérance nous guide et nous protège dans notre cheminement spirituel.
